CHAPEAU À ERICA DUBOIS, ÉTUDIANTE EN GÉNIE MÉCANIQUE, ET À KAUSAR MUSSA, ÉTUDIANTE EN INFORMATIQUE!
Détonner parmi ses pairs. Devoir s’ajuster à d’autres façons de penser. Travailler avec des gens qui ont des attitudes misogynes. Ce ne sont là que quelques exemples de ce que vivent encore les femmes dans les domaines d’étude et les milieux de travail dominés par les hommes.
Afin de les encourager et de les soutenir, le concours Chapeau, les filles! récompense des femmes du Québec qui choisissent d’étudier dans ces domaines et de persévérer. Cette année, deux étudiantes de Dawson ont remporté ce prix d’envergure provinciale : Erica Dubois en Techniques du génie mécanique et Kausar Mussa en Techniques de l’informatique.
« J’ai souvent été tentée de choisir la facilité et d’abandonner, explique Kausar, mais je me suis dit que je devais réessayer. J’ai dû étudier et faire face à tous ces obstacles, en plus d’avoir fait une bonne partie de mes études pendant la pandémie, avec toutes les incertitudes que ça implique. Alors que j’approche de la ligne d’arrivée, je me sens comme une guerrière meurtrie. Cette reconnaissance officielle porte mes réalisations à un niveau supérieur. »
Conseils pour celles qui envisagent de s’inscrire
D’après Erica, s’intégrer était son plus grand défi. « Les plus importants conseils que je transmettrais à une femme qui commence dans mon programme concernent le milieu et comment s’y adapter, et non la matière qu’on nous enseigne, explique-t-elle.
D’abord, c’est normal d’être un peu en retard en ce qui concerne les habiletés pratiques de base, que les hommes sont plus susceptibles d’avoir acquises en dehors de l’école. Il n’y a pas de honte à poser des questions, et les retards sont vite rattrapés. Ensuite, il ne faut pas se laisser exclure, laisser les autres nous mener par le bout du nez dans les groupes ou accepter d’être ignorée quand un enseignant demande de l’aide parce qu’il présume qu’on n’en est pas capable. Enfin, aussi difficile et frustrant que ça puisse être, il faut apprendre à laisser passer les petites choses et ne pas être affectée par certains commentaires et certains gestes quand ils ne sont pas malintentionnés. »
Les deux étudiantes ont donné de leur temps pour soutenir des filles et des femmes que leur domaine respectif pourrait intéresser.
Contribuer à ouvrir la voie pour les autres
« J’ai participé à la journée portes ouvertes virtuelle organisée par mon programme pour rendre service, mais aussi en grande partie pour m’assurer qu’il y ait au moins une femme parmi les étudiants qui aidaient, raconte Erica. Le lendemain, j’ai reçu un courriel d’une fille qui avait quelques questions supplémentaires, et j’étais ravie de penser que, juste en participant à la journée portes ouvertes, je lui avais donné une chance de se voir dans le programme. J’ai commencé à répondre au courriel et je me suis prise non seulement à répondre à ses questions, mais aussi à lui donner des conseils pour tirer son épingle du jeu et à lui faire part de certaines choses que j’aurais aimé savoir à mes débuts. »
Kausar a participé à un salon de l’emploi pour les étudiants du secondaire à son centre communautaire local. « Mon principal objectif était d’habiliter les jeunes femmes en leur donnant les moyens de ne pas avoir peur de suivre leur passion, déclare-t-elle. Même quand l’informatique n’était pas leur tasse de thé, je prenais le temps de discuter avec elles pour qu’elles n’aient pas peur de relever le défi de se lancer dans un autre domaine majoritairement masculin. Leur domaine était peut-être différent, mais la même approche et le même état d’esprit sont nécessaires pour réussir dans un champ dominé par les hommes. »
L’expérience d’Erica
Puisqu’elle avait un frère aîné à la maison, Erica avait particulièrement à cœur de montrer qu’elle pouvait faire les mêmes choses que les garçons. Elle a toujours aimé comprendre comment les choses fonctionnent, les démonter et les construire. « Que ce soit quand je construisais des catapultes ou des présentoirs à bijoux, raconte-t-elle, il est vite devenu évident qu’un domaine d’études comportant beaucoup de travail pratique me conviendrait le mieux. Malheureusement, je ne savais pas trop à quoi ça pouvait ressembler. Pendant ma dernière année à l’école secondaire, j’ai visité le département de génie mécanique du Collège Dawson et je suis tombée amoureuse! Je suis rentrée chez moi sans arrêter de sourire et avec le sentiment que je savais vraiment ce que mon avenir me réservait. L’équipement, les cours, les projets, tout dans le programme me donnait hâte de commencer le cégep et d’être entourée d’étudiants qui étaient tout aussi excités que moi à l’idée de se salir les mains et de réaliser des créations étonnantes. »
L’expérience de Dawson, surtout la dernière année, a été riche en apprentissages pratiques et a permis à Erika de travailler sur des projets stimulants. Dans son dossier de candidature, elle évoquait un projet récent qu’elle a particulièrement apprécié : « Un camarade de classe et moi avons décidé de fabriquer deux appareils qui pourraient communiquer entre eux en utilisant des lumières qui clignoteraient en morse. Alors que le projet était simple en principe, ça s’est finalement avéré être une entreprise très complexe, notamment en ce qui concerne le codage de nos deux appareils Arduino. On a aussi investi des efforts particuliers dans le design physique de nos deux appareils. On aurait pu utiliser deux boîtes ordinaires pour contenir le matériel informatique, mais on a pris le temps de créer des figurines complexes sur Inventor [un logiciel de conception 3D]. J’ai appris à utiliser les commandes et certains aspects du logiciel et j’ai gagné beaucoup de confiance en mes capacités. Notre projet a fini par être un grand succès et il fonctionnait à la perfection. »
À l’automne, Erica suivra des cours à l’ÉTS et, pendant l’été, elle travaillera chez Taiga Motors, une start-up montréalaise qui fabrique des véhicules de loisirs électriques.
Ce que Kausar a appris
Kausar se sent prête à commencer à travailler dans le domaine de l’informatique et elle a commencé à postuler pour des emplois.
Au cours de sa formation, elle a développé ses habiletés interpersonnelles. « Ce n’est un secret pour personne, assure-t-elle : les hommes et les femmes communiquent de manière différente. Faisant partie d’un groupe minoritaire, c’était sans doute plus difficile pour moi de comprendre ce que mes collègues voulaient dire, et l’inverse est sans doute vrai. C’était donc essentiel pour moi d’apprendre à communiquer efficacement, parce que beaucoup de nos projets se font en équipe, et notre travail est un travail à la chaîne. Un léger malentendu peut entraîner une série de problèmes qui auraient facilement pu être évités. »
« Dans un domaine plus égalitaire, poursuit Kausar, les hommes sont relativement habitués aux méthodes de travail des femmes et vice versa. Mais dans mon domaine, j’ai besoin de créer un espace pour moi et pour apporter des nouvelles stratégies et des nouvelles aptitudes dans mon environnement de travail. Les changements sont toujours difficiles à faire passer, donc en plus des habiletés nécessaires pour bien travailler dans mon domaine, je dois aussi être ouverte d’esprit, patiente et persévérante. Mes trois années de formation m’ont appris à développer ces qualités et à aborder cette question, mais je dois admettre que c’est un travail de longue haleine. J’ai bon espoir qu’un jour, l’informatique sera un domaine où les femmes seront plus nombreuses, et ce changement ouvrira automatiquement de nombreuses autres portes. »
Kausar veut certainement continuer d’apprendre et de se développer, et pourrait un jour décider de faire des études universitaires pour devenir ingénieure logiciel.
D’après l’enseignant Dan Pomerantz : « Kausar est une élève brillante et très travailleuse, et je suis vraiment ravi qu’elle ait remporté ce prix. »