De puissantes histoires présentent les perspectives autochtones dans l’enseignement supérieur

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De puissantes histoires présentent les perspectives autochtones dans l’enseignement supérieur

Les histoires sont au cœur des cultures orales des peuples autochtones du Canada. Un projet unique au Québec, mené par les enseignants du Collège Dawson, utilise les histoires pour faire progresser l’inclusion et l’accueil des cultures et des étudiants autochtones dans les établissements d’enseignement supérieur. « Notre projet vise à changer la culture dans les établissements postsecondaires, à souligner la nécessité pour les peuples autochtones de jouer un rôle de premier plan au sein de ces établissements et à faire en sorte que les perspectives autochtones soient reflétées et fassent partie de l’expérience éducative de chacun », explique Michelle Smith, enseignante au département de cinéma et de communication de Dawson et chercheuse principale.

Plus de 100 conteurs mobilisés

Basic RGBLe projet First Peoples’ Post-Secondary Storytelling Exchange (FPPSE) a rassemblé plus de 100 personnes pour raconter leurs histoires dans le cadre de cercles de discussion traditionnels, d’ateliers de réalisation de films et d’entretiens qui ont été menés dans toute la province, y compris dans les collectivités éloignées, de 2016 à 2020. Après la réalisation de 30 entrevues vidéo et de 10 vidéos thématiques, d’une douzaine de films narratifs, d’un manuel sur les méthodologies de recherche autochtones, de recommandations et d’un site Web, la première phase du projet financé par le est maintenant terminée.

Objectifs du projet de narration d’histoires

« Nos objectifs étaient de créer un espace pour les étudiants autochtones de niveau postsecondaire afin qu’ils puissent faire part de leurs expériences, d’éliminer les obstacles au sein des établissements d’enseignement postsecondaire et de soutenir les conversations entre les étudiants et les communautés », confie MmeÌý³§³¾¾±³Ù³ó.

Le projet a appliqué des méthodes de recherche autochtones et a été guidé par des conseils consultatifs communautaires composés d’aînés et de dirigeants communautaires, d’étudiants et de jeunes, de professionnels et d’éducateurs des nations crie, inuite et Kanien’kehá:ka et de la communauté autochtone urbaine de Montréal.

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Le projet présente des recommandations concrètes sur l’éducation des jeunes autochtones. Une mère m’a dit : « Nous voulons avoir notre mot à dire sur l’avenir de l’éducation postsecondaire. Nous envoyons nos enfants à l’école et nous voulons qu’ils soient soutenus. Un père de famille du Nunavik a confié à quel point il est douloureux d’envoyer ses enfants dans le Sud. Tout le monde demande une éducation dans le Nord. Nous voulons aller de l’avant de la bonne manière en reflétant les besoins et les aspirations des communautés. »

Méthodes de recherche autochtones

Dans les travaux de recherche, un effort a été fait pour adopter une approche non hiérarchique. « Nous avions un profond respect pour le processus », explique Laura Shea, enseignante au département de sociologie de Dawson et membre de l’équipe de la FPPSE. « Il était important pour nous de continuer à consulter les conseils consultatifs communautaires aux différentes étapes. »

Madame Shea ajoute qu’ils ont également pris soin d’éviter l’approche extractive de la recherche conventionnelle, qui a été critiquée par des érudits autochtones. « Nous nous sommes efforcés de maintenir l’intégrité de chaque histoire individuelle », déclare-t-elle.

Il y a eu plusieurs défis en cours de route, notamment la perte de Susan Briscoe, qui a lancé le projet et qui enseignait au département d’anglais du Collège Dawson, ainsi que la pandémie.

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Citations des conteurs du FPPSE

“La réussite, c’est apprendre ses coutumes et sa langue – et suivre des études supérieures; c’est prendre la meilleure forme d’éducation que l’on reçoit et la fusionner avec la sagesse de ses ancêtres.”
– Conteuse de la FPPSE

“Tout d’abord, nous, les Inuits, avec nos traditions, sommes très différents. L’idée d’apprendre dans une classe n’est pas une tradition inuite. Mes parents, mes grands-parents et tous les gens qui nous ont précédés ont reçu un enseignement sur la terre. Les garçons observaient leur père tandis que les filles observaient leur mère. On leur expliquait peut-être ce qu’ils apprenaient, mais ils apprenaient surtout en observant. Ils ont appris où chasser et à savoir où la terre est bonne, ou encore où il y a du danger et ce que cela signifie. C’est notre façon traditionnelle d’apprendre en tant qu’Inuits.  C’est notre façon de faire depuis de nombreuses années, donc apprendre dans une classe tout d’un coup, ce n’est pas facile.”
– Conteur du FPPSE

“Parfois, quand je rentre chez moi, j’ai l’impression d’être un étranger maintenant, parce que j’ai fait des efforts et j’ai réussi d’une certaine manière, contrairement aux membres de ma famille. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme collégial, ils pensaient encore que j’allais simplement rentrer chez moi, mais j’ai décidé que je voulais plus. Alors ils m’ont demandé combien de temps cela allait prendre et c’est vraiment stressant. C’est comme si vouloir leur faire plaisir, mais aussi vouloir quelque chose de plus pour moi-même est un combat à livrer au quotidien. Je veux être à la maison juste pour être avec ma famille, mais je ne peux pas faire mes études là-bas.”
– Conteur du FPPSE

“Je pense que le Centre des Premiers Peuples a été la seule chose qui m’a vraiment permis de mener à bien mon programme. Et le fait d’avoir cette famille là-bas, c’est ma famille maintenant à Montréal parce que je n’ai pas de parents ici. Je pense donc que c’est ce qui m’a permis d’apprendre.”
– Conteur du FPPSE

“Il semble que c’est un monde lointain parfois, même si c’est à une demi-heure de la ville. Mais quand j’ai commencé, c’était comme si j’allais au bout de l’univers. Je n’ai jamais vraiment su quoi que ce soit sur la ville ou les gens. Le monde postsecondaire lui-même m’était si étranger. Et cela n’a pas été vraiment difficile d’y entrer. Tout le monde pense que rédiger des dissertations et passer des examens est très stressant, mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas si mal. Parce que nous sommes tous plus intelligents que nous le pensons. Nous avons toutes ces informations avec lesquelles nous grandissons en quelque sorte. Et c’est de les appliquer de différentes manières qui semble effrayant pour les gens, mais ce n’est pas du tout le cas, vraiment.”
– Conteur de la FPPSE

Note

Remerciements pour le projet :

Équipe du projet : Susan Briscoe, Michelle Smith, Vicky Boldo, Elizabeth Fast, Nicole Ives, Reisa Levine, Jason Edward Lewis, Morgan Phillips, Laura Shea.

Assistants de recherche : Jeannie Calvin, Lucina Gordon, Kahawihson Horne (promotion 2015, sciences sociales générales), Anna Kristensen (promotion 2019, TIL), Sandra-Lynn Leclaire, Mel Lefebvre, Christine Qillasiq Lussier, Jennifer Qupanuaq May, Cheli Nighttraveller, Pasha Partridge, Angela Watts (promotion 2017, ALC – Littérature).  ÌýÌý

Autre participation : Tiawenti:non Canadian du Centre des Premiers Peuples, Karla Gruodis (ancienne professeure de Dawson), Alex McComber du Conseil d’administration de Dawson, Cheryl Simon et le département de cinéma et de communications de Dawson, Bureau de recherche de Dawson.



Last Modified: February 15, 2021